Zurich (awp) - Le groupe bernois Meyer Burger, en pleine restructuration pour devenir un producteur de modules solaires, a plongé encore plus profondément dans les chiffres rouges l'année dernière. Le nouvel exercice s'annonce tout aussi délicat, notamment en raison des difficultés logistiques. Mais le virage vers les énergies renouvelables semble amorcé et devrait porter la demande.

Le chiffre d'affaires a été divisé par plus de deux à 39,9 millions de francs suisses, alors que la perte d'exploitation (Ebit) a été creusée à 85,3 millions après 58 millions en 2020, a détaillé l'entreprise jeudi dans son rapport annuel.

La perte nette s'est établie à 100,5 millions de francs suisses, contre 64,5 millions un an plus tôt.

L'ensemble des chiffres présentés par le groupe sont largement inférieurs aux prévisions des analystes consultés par AWP.

Meyer Burger a notamment fait face à une hausse des coûts en personnel, avec une progression du nombre d'employés et des charges d'exploitation portées par une augmentation des coûts d'infrastructure, a-t-il précisé dans un communiqué.

L'entreprise a également dû faire face à des difficultés de production, en raison des goulets d'étranglement dans la logistique, et un manque de personnel provoqué par la pandémie de Covid-19. Du coup, Meyer Burger a été obligé de réduire la production de modules solaires au dernier trimestre 2021 et au premier partiel 2022.

Cette situation a eu un effet négatif sur les objectifs opérationnels définis pour 2021, pénalisant la marge brute.

Soutenu par la forte demande en modules solaires, initiée par l'envolée du prix des énergies fossiles, Meyer Burger veut accélérer son expansion. Le groupe vise notamment des contrats de fourniture à long terme avec ses clients, qui seraient liés à une participation aux investissements. Une lettre d'intention en ce sens a été signée avec un grand groupe américain, non identifié.

Indépendance de la Chine

Meyer Burger veut par ailleurs accélérer ses projets d'expansion pour répondre à la forte demande et va donc revoir ses objectifs financiers, qui seront annoncés au plus tôt en août.

L'entreprise n'a du coup pas formulé d'objectif de croissance, mais le directeur général Gunter Erfurt a déclaré à l'agence AWP que le groupe pourrait renouer cette année avec les chiffres noirs au niveau opérationnel.

Dans l'immédiat, la société profité d'une envolée de la demande, "malheureusement" liée à la guerre en Ukraine et la forte hausse du prix des hydrocarbures, a ajouté le patron. Depuis l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, la demande en provenance des clients privés et professionnels a encore augmenté. Selon des analystes, le marché de l'énergie solaire devrait afficher un taux de croissance annuel de 17,5%.

Face aux difficultés d'approvisionnement, le groupe veut réduire sa dépendance de la Chine où sont fabriqués la majorité des modules solaires. Le groupe envisage ainsi de renforcer ses capacités de production en Europe et aux Etats-Unis.

Ce message était clairement reçu par les investisseurs. Après avoir ouvert en chute de plus de 7%, le titre Meyer Burger rebondissait vivement. Vers 10h45 à la Bourse suisse, la nominative montait de 2,4% à 0,42 franc.

al/fr