Zurich (awp/afp) - La Banque des règlements internationaux (BRI) lance un nouveau projet pilote avec sept banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine, la Banque de France et la Banque nationale suisse, pour évaluer les paiements transfrontaliers en monnaies numériques, annonce-t-elle mercredi.

Appelé projet Agora, l'objectif est de comprendre comment les dépôts numérisés de banques commerciales peuvent être intégrés aux monnaies de banques centrales sur une plateforme financière public-privé, indique la BRI dans un communiqué.

Cette institution, considérée comme la banque centrale des banques centrales, cherche ainsi à déterminer comment la numérisation et les contrats intelligents peuvent permettre des transactions qui ne sont pas rentables actuellement en accélérant la vitesse à laquelle elles sont réalisées et en abaissant leurs coûts, tout en maintenant leur intégrité.

"Nous pensons que la +tokenisation+ est la prochaine étape concernant la monnaie et les paiements", a déclaré Cecilia Skingsley, la directrice du pôle d'innovation de la BRI.

La +tokenisation+, qui consiste à représenter de l'argent ou des actifs financiers sous forme de jeton numérique et à les inscrire sur une plateforme comme une chaîne de blocs, ou "blockchain".

Basé à Bâle, la BRI a déjà mené plusieurs projets autour des monnaies numériques de banques centrales, dont un avec la Banque de France et la Banque nationale suisse (BNS) pour tester des transactions transfrontalières.

Mais elle mène cette fois des tests plus large avec ce projet Agora auquel vont aussi participer la Réserve fédérale américaine, la Banque d'Angleterre, la Banque du Japon, la Banque de Corée et la Banque du Mexique.

La BRI s'assure ainsi que sept des plus grandes devises internationales, dont le dollar, l'euro, le yen et le franc suisse sont représentées dans ce projet.

Dans un deuxième temps, la BRI va choisir des banques représentant ces sept monnaies avec l'aide de l'Institut de la finance internationale (qui regroupe des grandes banques et institutions financières) pour participer au projet.

Paiements transfrontaliers facilités

Les transactions transfrontalières sont actuellement un pan d'activité à haut risque et à faible rentabilité pour les banques, notamment en raison des nombreuses vérifications qui doivent être faites pour lutter entre autres contre le blanchiment d'argent.

Ces garde-fous sont là "pour de bonnes raisons", a insisté Hyun Song Shin, conseiller économique et directeur de la recherche de la BRI, qui souligne que la numérisation permet d'alléger la lourdeur administrative pour les paiements transfrontaliers.

"Ce partenariat public-privé d'envergure a pour objectif de remédier à plusieurs faiblesses structurelles dans le fonctionnement actuel des paiements, en particulier dans le segment transfrontière, spécialement contraignant du fait des différences aussi bien dans les exigences juridiques, règlementaire et techniques que dans les horaires de fonctionnement et les fuseaux horaires", a expliqué la BNS dans un communiqué.

Selon l'institut d'émission helvétique, "le système financier requiert des opérations de contrôle de plus en plus complexes afin de garantir son intégrité pour lutter contre le blanchiment de capitaux et procéder à la vérification de la clientèle".

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