Le spécialiste de la santé animale contrôlé par la famille Dick fait toujours figure d'outsider — voire de village gaulois — dans un secteur de plus en plus consolidé par les grandes multinationales comme Zoetis, Elanco ou Boehringer Ingelheim.  

La reprise de la croissance des ventes et de la profitabilité se confirme à la suite d'une séquence 2015-2020 difficile, marquée par la pénible intégration de Sentinel — la gamme de produits de santé canine rachetée à Eli Lilly fin 2014, dont les droits d'exploitation aux Etats-Unis ont finalement été revendus à Merck. 

Virbac est revenu l'an passé à une situation de trésorerie nette excédentaire — le désendettement post-acquisition de Sentinel était une priorité du management — et les marges d'exploitation se redressent à leurs plus-hauts historiques. 

Surtout, la croissance organique est positive et cette performance tranche avec celle des grands noms du secteur : pour ne citer qu'eux, Elanco accuse par exemple un recul des ventes, quand Zoetis reste très dépendant des acquisitions.

On prendra quelques précautions avec les éléments de langage du communiqué de presse faisait état d'une "forte progression" du résultat opérationnel : si la performance est à saluer, après inflation, elle est sensiblement moins impressionnante qu'annoncé. 

Sur dix ans, c'est-à-dire sur la période 2012-2022, le chiffre d'affaires de Virbac croît de €700 millions à €1.2 milliard, soit un taux de croissance annualisé de 5.5%. La génération de cash est inégale mais dans l'ensemble bien réconciliable avec le résultat net.

La première moitié de la période aura aussi vu le groupe investir €600 millions dans diverses acquisitions, dont plus d'une moitié pour Sentinel — montant du reste récupéré suite à la transaction avec Merck. La création de valeur de ces opérations de croissance externe reste difficile à estimer, mais elle est sans doute modeste.

Au cours actuel, la valeur d'entreprise de €2.3 milliards représente un multiple de x19 le profit et de x10 l'EBITDA. Une  transaction sur le marché privé — si par exemple Virbac était racheté — commanderait vraisemblablement des multiples plus élevés. 

Le groupe serait une cible de premier choix pour les géants du secteur, quoiqu'à notre connaissance il n'ait jamais laissé entendre qu'il soit à vendre. En standalone, vu son profil de croissance, Virbac apparaît équitablement valorisé.