Il s'en est fallu d'un cheveu hier pour que le CAC40 termine dans le vert, ce qui n'est déjà pas si mal au regard de la décision russe de déstabiliser l'Ukraine par l'entremise des régions sécessionnistes du pays. Aux Etats-Unis, où un jour férié avait permis d'éviter la purge de lundi, les indices ont terminé en repli, mais sans s'effondrer. Le Nasdaq et le S&P500 ont perdu environ 1%. Suffisant toutefois pour que le second indice cité retourne en "zone de correction", c’est-à-dire en baisse de plus de 10% sur ses récents sommets.

Je me trompe peut-être, mais j'ai la curieuse impression que les financiers sont presque soulagés de l'entre-deux qui est en train de s'installer entre l'Est et l'Ouest. Cela revient à mes jaseries de la veille sur un monde qu'on a tous un peu trop tendance à juger binaire mais qui l'est rarement. Finalement (et pour le moment), la Russie n'est pas repartie la queue entre les jambes, mais elle n'a pas non plus tout à fait lancé ses chars sur Kiev. En revanche, le Kremlin a l'air bien parti pour faire main basse sur les régions de Donetsk et Lougansk, tout en s'assurant la servilité de la Biélorussie.

La réponse des Occidentaux, notre réponse, a paru bien terne au regard des enjeux. Il y a bien eu la suspension de la certification du pipeline Nord Stream 2 par l'Allemagne, ou les sanctions prises contre des hommes d'affaires et des banques russes par plusieurs pays. Mais rien qui n'ait l'air à la hauteur du palier franchi par Moscou. Dans le cycle des actions et des réactions, c'est toujours Vladimir Poutine qui a l'air de tirer les ficelles. Je cite le chef économiste de First Trust, Brian Wesbury, qui pense que la Maison Blanche n'a pas forcément besoin d'aller très loin dans son implication : "à tort ou à raison, nous pensons que l'administration Biden est plus préoccupée par la gestion de son image dans le conflit Russie-Ukraine, à des fins de politique intérieure - par exemple, pour ne pas paraître faible -, que par la tentative de modifier l'issue du conflit lui-même".

Sur les marchés, donc, la tendance naturelle à l'optimisme des investisseurs tempère les craintes de très court terme. Le scénario du pire ne s'est pas encore produit et l'on constate une relative décrispation, symbolisée par un indice de volatilité Vix qui reste cantonné sous les 30 points, en dépit d'une légère reprise ce matin. L'or s'est calmé et le baril n'a pas franchi le cap des 100 USD. Même l'indice russe RTS a rebondi hier. Bon, après avoir perdu 20% en trois séances, mais il a rebondi quand même. On voit même ressortir le schéma de l'investisseur désinhibé qui se dit que ce regain de tension va pousser la banque centrale américaine à revoir en baisse ses ambitions de hausse de taux, ce qui aiderait à prolonger la fête sur les actifs à risque. Un raisonnement comme un autre, même si la Fed est probablement plus préoccupée par les débordements inflationnistes que par les mouvements des troupes russes à plus de 8000 km de Washington. Quant aux financiers, ils se rassurent avec la dynamique positive et avérée des résultats des entreprises pour envisager un rebond des indices.

Les indicateurs avancés occidentaux pointent vers un rebond ce matin, en Europe et aux Etats-Unis. En Asie-Océanie, la Chine et l'Australie progressent. Le Japon est fermé pour l'anniversaire de l'Empereur. Le CAC40 gagne 0,3% à 6808 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Les chiffres définitifs de l'inflation européenne de janvier sont attendus à 11h00. Il n'y aura pas d'indicateur aux Etats-Unis.

La paire euro / dollar s'échange 1,1323 USD. L'once d'or évolue autour de 1899 USD. Le pétrole reste ferme à 92,13 USD le brut léger américain WTI et 97,20 USD le Brent de Mer du Nord. Sur 10 ans, le rendement de la dette américaine ressort à 1,94% (+1 point) et celui du Bund à 0,24% (+4 points). Le bitcoin revient à 38 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Airbus : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif relevé de 150 à 165 EUR.
  • Anglo American : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 3500 à 3600 GBp.
  • Auto1 : Oddo BHF démarre le suivi à sousperformance en visant 14 EUR
  • Bertrandt : DZ Bank passe de conserver à acheter en visant 59 EUR.
  • Catena : ABG passe de conserver à acheter en visant 570 SEK.
  • Dechra Pharmaceuticals : Liberum passe de vendre à conserver en visant 4020 GBp.
  • Faurecia : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 55 à 56 EUR.
  • Fraport : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 71 EUR.
  • Julius Bär : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 70 à 69 CHF.
  • Leg Immobilien : Oddo BHF démarre le suivi à surperformance en visant 141,50 EUR.
  • Linde : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 306 à 300 EUR.
  • Relx : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif relevé de 2866 à 2892 GBp.
  • Royal DSM : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 190 EUR.
  • SAF-Holland : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 20,90 à 20,50 EUR.
  • Sika : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 456 à 459 CHF. Stifel passe de conserver à acheter en visant 390 CHF.
  • Synthomer : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 335 GBp.

En France

Principales publications de résultats

  • Alten : retrouve son taux de profitabilité d'avant crise mais reste prudent pour 2022.
    Danone : le chiffre d'affaires du T4 est un peu meilleur que prévu. Les objectifs 2022 et de moyen terme seront annoncés le 8 mars.
  • Stellantis : après des résultats en hausse, le groupe vise 10% de marge au moins cette année.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Airbus prévoit un démonstrateur d'avion à hydrogène en 2025.
  • Louis Vuitton (LVMH) va ouvrir deux nouveaux sites en France.
  • Le conseil d'administration de Sanofi a proposé la nomination de Carole Ferrand (directrice financière de Capgemini), Emile Voest et Antoine Yver comme administrateurs indépendants.
  • Crédit Agricole brocardé par deux ONG pour le financement de projets miniers en Amazonie.
  • Alstom travaille à des locomotives de fret sans conducteur.
  • Leonardo Di Caprio investit dans Telmont (Rémy Cointreau).
  • Manitou prévoit un vaste plan d'investissement aux Etats-Unis.
  • Gaussin crée une filiale en Chine.
  • SMCP s'associe avec Fairly Made et devient l'un des premiers acteurs du Luxe accessible à proposer à ses clients des informations détaillées et transparentes sur la traçabilité de ses produits.
  • Eagle Pictures France prend le contrôle des Studios de Paris, dont EuropaCorp était actionnaire.
  • Mauna Kea débute le recrutement pour l'essai clinique multicentrique sur le cancer du poumon périphérique.
  • AB Science annonce la publication de l'étude clinique pivot de phase III du masitinib dans les formes progressives de SLA dans la revue Neurology Neuroimmunology & Neuroinflammation.
  • Covivio, Solocal, Axway, Altarea, Patrimoine et Commerce, Altareit, Energisme, ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Principales publications de résultats

  • ASM International : après un trimestre record, la société prévoit une poursuite de la hausse de ses revenus, compris entre 500 et 530 M€.
  • Aston Martin : la perte opérationnelle 2021 se réduit à 76,5 M£ avec le rebond des ventes.
  • Barclays : le bénéfice net 2022 atteint 8,4 Mds£, pour un consensus à 8,1 Mds£.
  • Henkel : le bénéfice net 2021 est en hausse. Les prévisions 2022 sont confirmées alors que le processus de rapprochement des divisions beauté et lessives est en cours.
  • Puma : l'EBIT 2022 sera compris entre 600 et 700 M€, alors que le consensus visait 696 M€.
  • Rio Tinto : les bénéfices annuels sont un peu moins élevés que prévu, mais un dividende exceptionnel de 1 Md$ sera proposé.
  • Solvay : le chimiste poursuivra en 2022 ses hausses tarifaires, à la base de solides résultats 2021, dont un Ebitda plus élevé que prévu.

Annonces importantes (et autres)

Lectures