A sa décharge, depuis dix ans son équipe de direction — et notamment son précédent directeur financier Jean-Louis Thomasset, retraité depuis peu — soulignait à l'envi comme les marges d'exploitation à deux chiffres étaient une conséquence directe de l'absence d'inflation.

Il fallait donc s'attendre à un rappel aux réalités. Le voici, avec un résultat opérationnel courant divisé par deux entre les exercices fiscaux 2021 et 2022, et la marge d'exploitation la plus basse depuis 2008. 

Pas de bouleversement en revanche au niveau du chiffre d'affaires, resté stable — Akwel évolue à périmètre comparable depuis quelques années. Mention spéciale pour la transition réussie vers les équipements destinés aux véhicules électriques : plus de la moitié des nouvelles commandes sont issues de ce repositionnement de l'offre.

Le groupe, soulignons-le, s'est jusque-là distingué par une stratégie de croissance externe extrêmement sélective — d'aucuns diraient parcimonieuse — et habile. En témoignent les très astucieuses acquisitions de l'américain Avon en 2011 et du suédois Autotube en 2014. 

Rien d'autre depuis — et aucun dossier présentement à l'étude dixit le management. 

Au niveau des cash-flows, Akwel génère €18 millions de profit cash — dont près d'une moitié issue de cessions d'actifs — en 2022, soit de quoi couvrir son dividende. Pour la première fois depuis dix ans, le groupe bénéficie d'un providentiel effet de change favorable.

Pas de surprise non plus au niveau de la position financière hyper-sanctuarisée : il n'y a pas de dettes et, à eux seuls, la trésorerie et les créances clients couvrent très largement l'ensemble du passif. 

Le prochain exercice sera caractérisé par un pic d'investissements dans l'appareil de production. Si Akwel ne parvient pas à faire passer des hausses de prix à ses neuf grands clients parmi les constructeurs, un free cash-flow négatif reste à craindre. 

Au cours de €13.60 par action, la valeur d'entreprise de €250 millions correspond peu ou prou à la somme des profits cash générés ces dix dernières années — ajustés de l'exceptionnel épisode 2021 — et à un rendement sur dividende de seulement 3.3%. Pas de quoi sauter au plafond ici.

Le cours du titre évolue depuis le rachat d'Autotube entre €10 et €15, avec quelques accès de fièvre spéculatifs : nous sommes dans la moyenne à long terme, sans excès apparent ni marge de sécurité.

On rappellera de prendre les précautions d'usages avec les résultats nets du groupe : comme les investissements sont historiquement très supérieurs aux amortissements, ils ont tendance à surestimer la capacité bénéficiaire réelle — qu'on évaluera plutôt à l'aide des cash-flows.