La crise de confiance bancaire qui a éclaté aux Etats-Unis avec la faillite de SVB Financial avait déjà brisé le parcours boursier des actions du secteur financier en Europe. Les déboires du Crédit Suisse ont achevé hier le travail : -12% pour la Société Générale, -10% pour BNP Paribas, -9% pour Deutsche Bank, -7% pour Intesa et Banco Santander… Un vrai bain de sang boursier. La banque aux deux voiles, elle, a sombré de 24% après que son principal actionnaire saoudien eut annoncé qu'il ne remettra pas au pot. C'est sans surprise la Banque nationale suisse qui a été forcée de sortir du bois, en accordant un prêt de 50 milliards de francs. L'objectif est d'envoyer un message fort aux marchés : malgré l'importance de la somme évoquée, on est dans le registre du psychologique plus que du financier actuellement, comme c'est le cas dans ce type de crise bancaire. Quant à l'histoire du Crédit Suisse, c'est l'illustration malheureuse et extrême du manque de contrôle qui a gangréné l'établissement pendant des années. Je me rappelle avoir écrit en mars 2022 un papier d'humeur dans notre rubrique "fallait pas l'inviter", sans penser que les choses se dégraderaient ainsi.

Les indices européens ont explosé en vol hier, plombés par les valeurs financières mais aussi par les pétrolières, parce que les cours du brut ont chuté à cause des craintes de ralentissement économique. Illustration avec le CAC40 français, qui a terminé à -3,6%, ou avec le FTSE 100 britannique, à -3,8%. Le SMI suisse a certes subi le plongeon de 24% du Crédit Suisse et de 9% de sa rivale UBS, mais il a pu compter sur Nestlé et Novartis pour limiter ses pertes à 1,9%.

Dans ce contexte explosif, Wall Street tient étonnamment bien. On pourrait même dire que le Nasdaq 100 pérore avec la hausse de 0,4% affichée hier. Que l'on ne s'y trompe pas pour autant, la situation s'est considérablement tendue depuis quelques jours. Mais si certains compartiments surnagent, c'est essentiellement parce que le marché compte une fois de plus sur les banques centrales pour éteindre l'incendie. En l'occurrence, les investisseurs pensent que cette crise bancaire va forcer la Fed à stopper voire inverser son cycle de resserrement monétaire à court terme. C'est ce qu'essaie de nous dire le marché des taux à une semaine de la prochaine décision de politique monétaire. La BCE, elle, devra trancher dès aujourd'hui puisqu'elle rendra son verdict en début d'après-midi. Alors, certes, le Crédit Suisse n'est pas directement impacté par les décisions de la banque de Francfort, mais personne, et surtout pas les banquiers centraux, ne peut ignorer le chaos boursier qui frappe les banques. Et je me répète, il ne s'agit pas tant d'un problème financier que d'un problème de confiance, qui est probablement plus délicat à gérer puisqu'il ne s'agit pas seulement d'aligner les chèques en blanc.

A ce stade, les pronostics vont toujours à une hausse de taux de 25 points de base pour la Fed la semaine prochaine, et de 50 points de base pour la BCE aujourd'hui. Mais les choses évoluent très vite et les réalités d'un jour ne sont pas forcément celles du lendemain. Pour le dire autrement, les banques centrales occidentales, qui étaient lancées depuis des mois dans une guerre de tranchée contre l'inflation, se retrouvent brutalement confrontées en parallèle à une guerre de mouvement, qui nécessite de réadapter tout le dispositif.

A surveiller aujourd'hui donc, la décision et les commentaires de la BCE et les maillons faibles du secteur bancaire. Particulièrement la First Republic américaine, qui incarne actuellement le troisième domino après la chute de SVB Financial et Signature Bank. En France, c'est le vote des parlementaires sur la réforme des retraites qui va focaliser l'attention.

En Asie Pacifique, les investisseurs ne savent pas trop sur quel pied danser après les annonces nocturnes. Tokyo perdait 0,9% à la clôture, tandis que les marchés chinois étaient eux aussi prudents, en retrait de 0,6% sur le continent et de 1,3% à Hong Kong. Prudence aussi en Australie (-1,5%), où l'ASX200, riche en valeurs financières, pétrolières et minières n'a pas vraiment la composition adéquate pour faire des étincelles actuellement. La Corée du Sud (-0,2%) et l'Inde (+0,2%) s'en sortent mieux. Les indicateurs avancés occidentaux sont haussiers. Un net rebond est attendu en Europe après les annonces du Crédit Suisse, mais un rebond fragile bien sûr, même s'il pourrait être marqué à l'ouverture. Le CAC40 gagnait 1,5% à 6989 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Après les statistiques américaines des permis de construire et du chômage hebdomadaire (13h30), place à la décision de la BCE sur ses taux (14h15). Tout l'agenda ici.

L'euro se négocie 1,0598 USD. L'once d'or recule un peu à 1913 USD. Le pétrole souffre toujours, avec un Brent de Mer du Nord à 74,22 USD le baril et un brut léger américain WTI à 68,25 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans baisse à 3,57%. Le bitcoin bondit autour de 24 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aker ASA : DNB Markets reprend le suivi à l'achat en visant 870 DKK.
  • Azelis : KBC passe d'accumuler à acheter en visant 30 EUR.
  • Brunello Cucinelli : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 80 à 90 EUR.
  • Centamin : Liberum reprend le suivi à l'achat en visant 119 GBp.
  • Dassault Aviation : Société Générale reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 166 à 204 EUR.
  • Deutsche Börse : Credit Suisse passe de neutre à surperformance.
  • Dufry : J.P. Morgan reprend le suivi à surpondérer en visant 58 CHF.
  • Lanxess : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 43 à 41 EUR.
  • Polypeptide : Credit Suisse reste neutre avec un objectif de cours réduit de 26 à 21 CHF.
  • Puma : Redburn entame le suivi à l'achat.
  • Rightmove : Panmure Gordon démarre le suivi à conserver en visant 523 GBp.
  • Saipem : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 1,85 EUR.
  • Stadler Rail : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 34 CHF.
  • Talanx : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 47,20 à 50 EUR.
  • Vestas : DNB Markets démarre le suivi à l'achat en visant 240 DKK.
  • Vidrala : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 95 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Alimentation Couche-Tard va racheter 3,1 Mds€ d'actifs de TotalEnergies en Europe (2193 sites de distribution en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg).
  • Laurent Mignon, le président du directoire de Wendel, va rejoindre le conseil d'administration de LVMH.
  • Air Liquide rachète 450 M$ d'obligations.
  • Air France-KLM a finalisé le remboursement intégral de son prêt garanti par l'État.
  • OVH achète son premier ordinateur quantique Quandela.
  • Aéroports de Paris a annoncé une hausse de 47,6% de son trafic passagers en février par rapport à l'an dernier.
  • Hoffmann Green Cement signe un contrat de fourniture de ciments avec le Groupe Alkern.
  • Boostheat lance une solution logicielle.
  • Alain Guillou nommé président du conseil d'administration d'Hopium.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Prodware, Parrot, Adocia, Obiz, Drone Volt, Valbiotis

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Alimentation Couche-Tard : baisse de 1,2% du bénéfice du troisième trimestre fiscal malgré des ventes plus élevées.
  • Deliveroo : la perte 2022 se réduit à 294 M£.
  • Verbund : les bénéfices 2022 sont en vive hausse. L'Ebitda devrait se situer entre 3,5 et 4,4 Mds€ cette année.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures