Genève (awp) - Le négociant genevois en hydrocarbures Gunvor a souffert l'an dernier d'une normalisation des prix des produits pétroliers, nonobstant un volume de courtage en hausse. La constitution de provisions de 467 millions de dollars pour des accusations devant plusieurs juridictions nationales de corruption en Equateur est venue grever une rentabilité en voie de normalisation.

Le chiffre d'affaires s'est contracté de 15% à 127 milliards de dollars (115 milliards de francs suisses), malgré un volume de négoce de 177 millions de tonnes métriques, contre 165 millions en 2022. L'excédent brut a fondu d'un tiers à 3,25 milliards, tandis que le bénéfice net a été élagué de près de moitié à 1,25 milliard.

La firme invoque pêle-mêle des perturbations persistantes sur les marchés soumis à sanctions en raison de la guerre en Ukraine, une économie chinoise moins vigoureuse que prévu, les tours de vis monétaires imposés par le banques centrales, l'appréciation du dollar ou encore les plafonds de productions adoptés par les pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (Opep+). La volatilité observée en 2022 a par ailleurs eu tendance à s'estomper l'an dernier.

Le ralentissement n'a pas empêché la multinationale de la Rue du Rhône de continuer à soigner ses fonds propres, qui atteignaient en fin d'exercice 6,16 milliards, contre 5,29 milliards un an plus tôt, conformément à la stratégie de thésaurisation des bénéfice appliquée.

Au 31 décembre, le groupe était encore détenu à 84,21% par son directeur général et co-fondateur, le milliardaire suédois Torbjörn Törnqvist, contre 87,5% douze mois plus tôt. Les 14,3% restants étaient alloués aux plans d'intéressement des collaborateurs.

Procédure de "plaider coupable"

Gunvor a convenu début mars avec le Département de la Justice (DoJ) des Etats-Unis de verser une amende de 374,5 millions en plus du remboursement de 287,1 millions en gains mal acquis, dans le cadre d'une procédure coordonnée avec d'autres juridictions, dont le Ministère public de la Confédération (MPC), pour des faits de corruption d'agents publics étrangers, notamment équatoriens. Le MPC avait le même jour condamné le groupe à s'acquitter un montant près de 86,7 millions de francs suisses, dont 4,3 millions d'amende, pour ces mêmes faits.

Le négociant avait opté pour une procédure de "plaider coupable" dans ce dossier outre-Atlantique et son patron avait reconnu des erreurs commises au nom de la compagnie. La société doute que les peines prononcées dépassent nettement les provisions constituées par le groupe pour la résolution de ces affaires.

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