Moi qui espérais buller tranquillement ce matin en déblatérant sur le fait que les marchés avaient décollé hier grâce à la Banque centrale européenne, il va finalement falloir que je bosse un peu pour explorer les subtilités de la psychologie boursière. Hier donc, la BCE a relevé ses taux d'un quart de point, ce qui constituait l'option la plus attendue par les investisseurs, même si les avis étaient plus partagés que d'habitude. La cheffe de meute de la banque centrale, Christine Lagarde, a toutefois laissé entendre que cette hausse est la dernière du cycle. Comme les financiers en attendaient une de plus, les indices actions ont fortement progressé et on a parlé de "hausse dovish", c’est-à-dire qu'une hausse de taux avec une petite caresse sur la tête des investisseurs. Par opposition à la stratégie actuelle de la Fed, qui pratique le "statu quo hawkish" : on ne fait rien mais on met une petite talmouse sur le crâne des investisseurs.

Je rappelle que la bourse aime la fin d'un cycle de hausse de taux parce qu'elle préfigure le début de la baisse, synonyme d'accès à de l'argent moins cher. Christine Lagarde a aussi dit pendant la conférence de présentation de la décision qu'elle ne savait pas si les taux n'iraient pas plus haut à l'avenir. Là j'avoue que je suis resté un peu circonspect. Mais je vois où elle veut en venir, et les économistes aussi : il faut retenir que les taux actuels resteront probablement en place pour un moment, sauf embellie sur l'inflation, et que dans un futur pas vraiment proche, il n'est pas exclu qu'il faille encore les relever, si les prix flambent à nouveau. Cette chère Christine a aussi expliqué qu'on risquait de prendre une bonne tannée économique mais qu'elle était nécessaire pour calmer les prix. Mais tout le monde a l'air de s'en contrefoutre et le marché est violemment heureux (c'est juste pour la musique). J'espère que vous avez suivi.

En tout cas, la nouvelle a semblé combler d'aise les investisseurs. Les gains ont dépassé 1% en bourse à Paris, Francfort, Zurich, Londres et tutti quanti. Aux Etats-Unis, le plafond de taux annoncé par la BCE a fait écho à ce dont rêve le marché : que la Fed soit déjà à ce stade, ce qui revient à dire que les taux actuels sont déjà au pic du cycle. C'est de bon augure avant la décision de la Fed sur ses propres taux la semaine prochaine. Du coup, et c'est là que c'est assez bizarre aussi, Wall Street a bondi en dépit d'une pleine brassée de statistiques vaguement inquiétantes pour la hausse des prix, c’est-à-dire susceptible de faire dérailler le scénario ciel bleu. Aux Etats-Unis, les ventes de détail ont explosé en hausse en août, les prix à la production aussi et le marché du travail reste assez chaud. Il n'y a pas si longtemps, cette triple nouvelle aurait suffi à faire entrer les marchés en dépression, surtout en parallèle d'une nouvelle poussée de fièvre pétrolière. Mais pas hier, même si le marché obligataire, notoirement plus raisonnable, s'est pas mal retendu après la série de données. Le taux du 10 ans américain est revenu flirter avec 4,3%, alors qu'il s'était refroidi depuis quelques jours. Pas de quoi empêcher le S&P500, le Dow Jones et le Nasdaq de gagner 0,8 à 1%. Ni d'accueillir l'entrée en bourse d'Arm Holdings en grande pompe, avec un gain de 25% sur la première journée de cotation.

Pour résumer, les marchés actions étaient en pleine extase, camés à la fin du cycle de hausse de taux. Fin présumée du cycle de hausse de taux faudrait-il dire, puisque je vais maintenant jouer les gros rabat-joie. Pourquoi ? Parce qu'on dirait qu'il y a quand même un petit décalage entre le scénario ciel bleu que j'ai évoqué plus haut et le contexte macroéconomique. En effet, la fin du cycle de hausse de taux repose sur le maintien d'une inflation dans des bornes raisonnables, même si elle est toujours ancrée au-dessus des niveaux considérés comme optimaux par la politique monétaire classique (2% environ). Mais les statistiques économiques américaines restent relativement chaudes. Mais le pétrole vient de prendre 28% en trois mois. Mais la Chine recommence à frémir, avec ce matin une série de statistiques plus élevées que prévu, ce qui ne s'était pas produit depuis quelques temps, avec en parallèle de nouvelles injections de liquidités de la PBOC. Autant d'éléments, il y en a d'autres, susceptibles de retendre les prix à l'échelle mondiale.

Côté sociétés, Adobe a publié ses résultats trimestriels, sans gros éclats. Le secteur automobile pourrait réagir au vaste mouvement de grève en passe de s'installer aux Etats-Unis après l'échec des négociations salariales entre le syndicat UAW et les trois gros constructeurs (Ford, General Motors et Stellantis). D'ailleurs en cas de grève dure, voilà un autre élément qui pourrait renforcer l'inflation. Le secteur des semiconducteurs pourrait lui aussi continuer à réagir à l'IPO d'Arm Holdings. Il y a aussi eu ce matin quelques nouvelles sur le secteur immobilier chinois, toujours centrées sur les tractations pour décaler des remboursements, refinancer des prêts et autres réjouissances qui ne sont, objectivement, pas très faciles à suivre.

Les marchés d'Asie Pacifique ont pris le sillage des places occidentales. Le Nikkei 225 poursuit son ascension en prenant plus de 1%, comme la Corée du Sud et l'Australie. L'Inde et Taiwan sont plus mesurées, mais haussières malgré tout. En Chine, Shanghai peine à trouver le bon tempo, mais Hong Kong, plus réactive, s'adjuge 1,2% en séance. Les indicateurs avancés européens sont haussiers autour de 8h00.

Les temps forts économiques du jour

En Chine, la production industrielle et les ventes au détail ont été publiées à 4h00. Aux Etats-Unis, la semaine se termine sur l'Empire Manufacturing (14h30), suivi de l'utilisation des capacités et de la production industrielle (15h15) et du sentiment de l'Université du Michigan (16h00). Tout l'agenda ici.

L'euro a chuté à 1,0646 USD. L'once d'or s'échange autour de 1915 USD. Le pétrole reprend son ascension, avec un Brent de Mer du Nord à 94,53 USD le baril et un brut léger américain WTI à 90,57 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans est remonté à 4,28%. Le bitcoin s'échange 26 620 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Anheuser-Busch Inbev : Cowen démarre le suivi à surperformance en visant 63 EUR.
  • ASML : Wolfe démarre le suivi à surperformance en visant 730 EUR.
  • Baywa : Baader Helvea reprend le suivi à l'achat en visant 52 EUR.
  • BPER Banca : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 4,20 à 4,90 EUR.
  • Compagnie Financière Richemont : Stifel reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 170 à 155 CHF.
  • Crayon : ABG reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 153 à 140 NOK.
  • Diageo : Cowen démarre le suivi à performance de marché en visant 3100 GBX.
  • Holcim : BNP Paribas Exane reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 75 à 76 CHF.
  • Inditex : Santander reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 40,80 à 42,20 EUR.
  • Intesa Sanpaolo : Jefferies passe de conserver a acheté en visant 3,70 EUR.
  • Mediobanca : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 13,60 EUR.
  • MTU Aero : LBBW passe de conserver à acheter en visant 210 EUR.
  • MorphoSys : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 33,50 EUR.
  • Prosus : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 45,90 à 46 EUR.
  • Ryanair : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 24,50 à 24,80 EUR.
  • Saint-Gobain : BNP Paribas Exane reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 77,50 à 80 EUR.
  • Sika : BNP Paribas Exane reste neutre avec un objectif de cours relevé de 271,50 à 275,50 CHF.
  • Strabag : LBBW reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 42 à 43 EUR.
  • Trainline : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 334 à 350 GBX.
  • Ubisoft : Morgan Stanley démarre le suivi à la pondération en ligne en visant 31,50 EUR.
  • UBS : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 25 à 30 CHF.
  • Unibail : JP Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 55 à 50 EUR.
  • UniCredit : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 27,50 à 33,80 EUR.
  • Universal Music : Morgan Stanley reprend le suivi à surpondérer en visant 28 EUR.
  • Whitbread : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 4000 à 4500 GBX.
  • Wise : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 900 à 960 GBX.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • TotalEnergies pourrait investir dans des projets "verts" d'Adani, selon Bloomberg.
  • Société Générale envisage la vente de son unité de financement d'équipements dans le cadre d'une refonte stratégique, selon Reuters.
  • Schneider Electric inaugure sa dernière usine au Texas après un investissement de 300 M$.
  • L'Oréal renforce son état-major en Chine.
  • JCDecaux remporte le contrat des vélos en libre-service à Toulouse pour une durée de 12 ans.
  • Eiffage et Enshore Subsea signent un contrat en groupement pour l'installation de câbles électriques sous-marins à Dakar, au Sénégal, pour un montant global de 192 M€.
  • Groupe Berkem lance Biombalance, sa nouvelle gamme d’ingrédients actifs sur le marché de la Nutraceutique.
  • Lumibird signe un gros contrat dans la défense.
  • Groupe Tera saisit le tribunal pour étudier l’ouverture d’une procédure collective concernant sa filiale TERA Contrôle.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Catering International Services, BOA Concept, SergeFerrari, Peugeot Invest, Forsee Power, Savencia

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Adobe perd 1,7% hors séance après ses chiffres, en dépit de perspectives relevées.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les salariés affiliés à l'UAW se mettent en grève aux Etats-Unis chez General Motors, Ford et Stellantis, après l'échec des négociations salariales.
  • Walt Disney dément toute décision finale concernant l'avenir d'ABC, après des rumeurs de cession à Nexstar Media.
  • Arm Holdings démarre sa vie boursière en hausse de 25%.
  • Shell demande un feu vert environnemental pour son projet gazier à Trinité-et-Tobago. Le groupe pétrolier annonce par ailleurs que sa filiale BG a été touchée par une vaste cyberattaque.
  • WhatsApp (Meta Platforms) explore la possibilité d'afficher des publicités, selon le FT.
  • Amazon ouvre son plus grand centre de livraison du dernier kilomètre en Amérique latine.
  • Salesforce va embaucher 3 300 personnes après des licenciements en début d'année.
  • Google s'apprête à lancer son logiciel d'intelligence artificielle Gemini, appris The Information.
  • Le PDG de Hapag-Lloyd réfute une éventuelle contre-offre pour l'opérateur portuaire de Hambourg Hamburger Hafen, après l'offre de MSC.
  • Le traitement combiné du cancer du sein de Novartis réduit le risque de récidive dans une étude de phase avancée.
  • Uber va faire appel de l'amende de 205 M$ imposée par un tribunal brésilien pour relations de travail irrégulières.
  • Sino-Ocean Group suspend tout paiement offshore.
  • ConocoPhillips signe un contrat de GNL de 15 ans au terminal Gate aux Pays-Bas.
  • Heineken prévoit une nouvelle brasserie de 430 M€ au Mexique.
  • Les principales publications du jour : Wüstenrot, LuxempartTout l'agenda ici.

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