Cicatrices du S1 limitées; S2 marquera un retour partiel à la normale
PUBLICATION RES./CA

Une gestion rigoureuse et réactive cherchant à renforcer la solidité du bilan a permis au groupe de sauver la mise malgré le confinement. Si la direction est prudente, le petit conglomérat industriel a les cartes en main pour parvenir à verser de nouveau un dividende en 2021.


ACTUALITÉ

Compte tenu des difficultés opérationnelles extrêmes rencontrées par ses activités industrielles face à la crise liée à la COVID-19, SFPI a publié de bons résultats.

Si le chiffre d’affaires s’est replié de 21% et les résultats ont chuté à -4,4m€ (contre +4,7m€ en 2019), la trésorerie nette a progressé d’environ 7m€ à 36m€ et la génération de FCF a été positive à environ 10m€.


ANALYSE

En termes de chiffre d’affaire, à -21%, le repli a été nettement moins marqué que nous ne l’anticipions (-37%). Pour l’ensemble de 2020, le petit conglomérat industriel table sur -15% (restant probablement prudent compte tenu d’une très faible visibilité sur l’environnement), une performance nettement moins dégradée que celle attendue en mai dernier (-23%).

La partie construction de l’activité (serrures et sécurité avec DOM, fermetures avec MAC) a souffert du confinement tant des salariés que des clients. Le pire est à l’évidence derrière nous, mais il aura duré environ six semaines. Si une reprise se profile, une mise en garde s’impose : alors que les deux entreprises sont surtout exposées au marché du neuf, le raffermissement de la demande concerne principalement la rénovation/la modernisation. Il n’est donc pas certain que le groupe tire profit immédiatement des programmes mis en place par le gouvernement visant à réduire les pertes d’énergie du parc immobilier. Il pourrait toutefois en bénéficier à un moment donné, lorsque la nouvelle demande ne pouvant plus être satisfaite sera redirigée vers des acteurs de plus petite taille comme SFPI.
L’un des faits les plus remarquables à l’origine de la solidité des résultats du S1 2020 a été l’augmentation jusqu’à environ 20% de la part des commandes en ligne dans le chiffre d’affaires des activités B2B.

La partie industrielle (épuration d’air et échangeurs de chaleur) a moins souffert, les unités opérant hors de France n’ayant pratiquement pas subi de confinement. Les développeurs ont eu le temps de concevoir de nouveaux produits de purification de l’air répondant aux nouvelles exigences sanitaires liées au Covid-19. Alors que la prochaine étape consistera à trouver le moyen de pénétrer le secteur de la santé, les équipes ont certainement démontré leur esprit combatif.
Une baisse de 15% du chiffre d’affaires en 2020 impliquerait un repli de 15% au S2 à 250m€ (contre 274m€ au S2 2019). Nous pourrions nous montrer plus optimistes que la direction en supposant que les activités non réalisées au S1 le seront au S2. Un tel scénario serait toutefois fortement hasardeux.
Il convient en effet de ne pas oublier qu’une activité industrielle est très exposée aux perturbations de charge et que les capacités de production ne peuvent pas toujours être augmentées aussi rapidement que ne l’exigerait une demande versatile. Il ne paraît pas déraisonnable de supposer qu’une partie du rattrapage des commandes n’interviendra qu’en 2021.

Solidité des comptes

Le principal atout de SFPI réside dans la prudence de sa gestion. Le groupe familial sait en effet que ses excédents de trésorerie constituent sa seule police d’assurance. Le test que représente la crise liée au COVID-19 tend à confirmer ce point de vue. SFPI a entamé le S1 avec environ 29m€ de trésorerie nette et le termine avec 36m€. L’ajustement rapide des coûts, l’annulation du dividende, la révision en baisse des investissements et la bonne maîtrise du fonds de roulement ont été des mesures efficaces. Si la performance du S1 en matière de génération de fonds de roulement (5m€) ne devrait pas être reconduite au S2 dans un contexte de reprise de l’activité, elle constitue néanmoins une bonne nouvelle.

Pour rappel, SFPI, qui a eu largement recours aux régimes de chômage partiel en France, a dû faire face à deux sources de coûts résiduels : 16% des salaires associés au chômage temporaire en France restent à la charge du groupe et les mesures de prévention du COVID-19 ont entraîné un coût réel estimé à 1m€ au cours de l’ensemble de 2020.


IMPACT

Clairement, le chiffre d’affaires meilleur que prévu au S1 et la tonalité positive des premiers commentaires concernant le S2 justifient des anticipations moins prudentes pour 2020. Nous avons donc révisé à la hausse nos prévisions de résultats pour 2020 à environ 7m€ (contre zéro précédemment), sans modifier pour autant nos projections pour 2021, ces dernières intégrant déjà un certain degré de normalisation de l’activité. Le risque pour 2020 est celui d’un report à début 2021 de l’amélioration attendue au S2 en raison des trop nombreuses perturbations au niveau de l’opérationnel.